Max Ernst - Une semaine de bonté, les collages originaux

Paris, musée d'Orsay (30 juin au 13 septembre 2009)

Publié le Monday 13 July 2009



Les collages originaux d'Une semaine de bonté, dressent une esquisse saisissante de la méthode de travail de Max Ernst. En réalisant dans chaque illustration un engrenage et un assemblage précis de décors fascinants, il porte sa technique de collage à la perfection.


Max Ernst (1891-1976)Collage tiré de Une semaine de bonté. Le lion de Belfort, 1933 © Isidore Ducasse Fine Arts Photo Peter Ertl. © ADAGP, Paris 2009
Max Ernst (1891-1976)
Tous les collages sans exception ont été réalisés à partir de gravures sur bois, issus de romans populaires illustrés, de journaux de science naturelle ou encore de catalogues de vente du XIXème siècle. Max Ernst réinterprète librement les thèmes picturaux.

Jusqu'à présent, seule une exposition au Museo Nacional de Arte Moderna, à Madrid, en 1936, avait été consacrée à cet ouvrage, qui constituera le plus important « roman-collage » de l'artiste.

Les 184 collages originaux sont le fruit d'un séjour de trois semaines à Vigoleno, en Italie où l'artiste s'est installé au cours de l'été 1933. L'artiste emprunta le titre Une semaine de bonté à l'invitation à entreprendre une action sociale, pour laquelle l'association La Semaine de la Bonté, créée en 1927, s'était engagée. Cependant, les tableaux et événements de la semaine de Ernst forment un contraste éclatant avec leur titre.

Pouvoir, violence, torture, meurtre et catastrophes sont les thèmes dominants de cet ensemble de collages. S'y mêlent également des allégories mythologiques, des allusions à la Genèse, des contes de fées, des légendes, des bribes de rêves et des mondes poétiques virtuels. Par ces illustrations, l'artiste exprima sa réaction aux dictatures européennes et à la prise de pouvoir du parti national-socialiste.

La disposition des collages originaux au sein de l'exposition s'inspire directement de la forme de publication du roman graphique. Ainsi, les murs de l'exposition se parent de tons violet, vert, rouge, bleu et jaune, correspondant aux cinq volumes imaginés par l'artiste, chacun recouvert d'une reliure de couleur différente.

Dimanche - Élément : la boue, Le lion de Belfort. Le premier tome du roman-collage parcourt les milieux les plus variés pour étudier la relation entre les sexes. La persécution, le vol, la séduction, la torture, le châtiment et la mort dominent les collages. L'élément récurrent est l'homme à la tête de lion. Orné de médailles, de décorations ou même du Sacré-Coeur, il incarne tour à tour l'autorité sociale, publique et religieuse.

Max Ernst (1891-1976)Collage tiré de Une semaine de bonté. La clé des chants, 1933 © Isidore Ducasse Fine Arts Photo Peter Ertl. © ADAGP, Paris 2009
Max Ernst (1891-1976)
Lundi - Élément : l'eau. Ce deuxième volet laisse place à la force de la nature. L'eau détruit les ponts, inonde les rues de Paris, s'infiltre dans les chambres à coucher, les appartements, et emporte avec elle de nombreux êtres humains. Ici, la reine des éléments est la Femme.

Mardi - La cour du dragon. Élément : le feu. Les tragédies d'amours sociales se reflètent dans les attributs ou animaux plongés dans un enfer bourgeois. Les motifs surréels qui apparaissent sur les murs et les panneaux de porte symbolisent les rêves, les peurs et les désirs cachés de la bourgeoisie.

Mercredi : Oedipe. Élément : le sang. Le personnage mythique est ici représenté avec une tête d'oiseau. Les collages racontent l'histoire d'OEdipe : l'assassinat de son père et l'énigme que lui pose le sphinx.

Jeudi : Le rire du coq / L'île de Pâques. Élément : le noir. Le cinquième cahier regroupe les trois derniers jours de la semaine. Une fois encore, Max Ernst se sert des insignes pour représenter les différentes autorités. Dans la première suite, le coq gaulois symbolise l'État français. Dans la deuxième, les têtes des personnages cruels, que l'on a pu voir jusqu'à présent, se transforment en idoles de pierre de l'île de Pâques.

Vendredi - Élément : la vue. Aux scènes mouvementées des suites précédentes succèdent des images pour la plupart emblématiques. À travers de multiples allusions, la Genèse de la Bible se lit sur l'ensemble des sept jours de la semaine.

Samedi : La clé des chants. Élément : Inconnu. Il s'agit de « L'envie » : des femmes en transe quittent leurs lits et leurs chambres à coucher pour s'envoler. Toute pesanteur, caractéristique de la réalité, est abolie. À travers ces figures cambrées, Max Ernst illustre la fascination surréaliste pour l'hystérie, une maladie libératrice et inspiratrice.

Commissaire de l'exposition : Werner Spies, professeur d'histoire de l'art, ancien directeur du Musée national d'art moderne, Paris.

Informations pratiques

 Musée d'Orsay, entrée par le parvis, 1, rue de la Légion d'Honneur, 75007 Paris .

 Salles 68 à 70 niveau 2 (côté Lille)

 Accès métro : Solférino, Odéon / RER C : Musée d'Orsay / Bus : 68, 69, 24.

 Horaires : Ouvert tous les jours, sauf le lundi, de 9h30 à 18h, le jeudi jusqu'à 21h45 .

 Tarification : droit d'entrée au musée : plein tarif : 8 € ; tarif réduit : 5,5 €. Moins de 18 ans, adhérents : gratuit
- Catalogue d'exposition : Max Ernst - une semaine de bonté, les collages originaux éditions Gallimard.


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