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Publié le Wednesday 06 August 2025
Cette peintre, au destin aussi brillant que tumultueux, incarne toutes les chances que la fin du XVIIIe siècle et le début du XIXe siècle offraient aux artistes de talent.
Fille illégitime d'un marquis, Adèle de Romance ne fut reconnue qu'à l'âge de huit ans et guidée par son père dans ses choix artistiques et personnels. L’artiste, contrainte de vivre uniquement de son art après la fuite de son père en France, s'impose comme portraitiste, capturant avec brio le désir de réinventer l'être.
Soucieux de son éducation, le marquis de Romance dirige tous ses choix personnels, de la passion pour la peinture à la mise au monde d’un premier enfant à l’âge de 18 ans. Adèle marie alors le miniaturiste François Antoine Romany, union mal assortie qui n’a d’autre but que de lui donner un statut.
Après un divorce, elle entame une série de petits portraits de personnalités en vue. Elle tire alors profit de la célébrité de ses modèles et pendant quatre décennies, se jouant d’une multitude de patronyme, assume l’exposition publique et présente des dizaines d’œuvres. Assistant aux bouleversements de son temps, elle fait son miel du contexte politique et social qui favorise alors le portrait. Mieux que bien d’autres artistes, elle réussit à saisir le désir de réinvention des personnalités qu’elle peint et met en scène une galerie de portraits à l’image de la France.
À une époque où le portrait acquiert une valeur politique et sociale, Adèle de Romance trouve sa place grâce à son talent, donnant visibilité à des visages et des identités en quête de reconnaissance et de renouveau.
Le portrait, genre assez insignifiant dans une monarchie, car un seul homme y est tout et que les autres n’y sont rien, acquiert alors un nouveau degré d’intérêt dans une République. Il devient alors vecteur des vertus, des talents, des services et des souvenirs.
A l’exception du riche corpus conservé dans les collections de la Comédie-Française, les tableaux d’Adèle de Romance conservés dans les collections publiques françaises sont non seulement rares mais rarement exposés. Nombre de ses portraits sont demeurés chez les descendants des modèles, qui ont bien voulu s’en dessaisir, le temps de l’exposition de Grasse, permettant ainsi de mettre à l’honneur cette femme qui très tôt comprit que la culture et les dons artistiques constituaient un formidable passeport pour se faire accepter, nonobstant ses origines, et avoir voix au chapitre dans un monde dominé par les hommes.
Informations pratiques :
• Catalogue d'exposition Adèle de Romance, éd. Musée Jean-Honoré Fragonard / Silvana
• Musée Jean-Honoré Fragonard : 14 rue Jean Ossola, 06130 Grasse
• Ouvert du lundi au samedi de 10h30 à 13h et de 14h à 18h30
• Entrée gratuite
Commissaire de l’exposition : Carole Blumenfeld
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