Exposition "Les Phéniciens et la méditerranée" à l'IMA

Paris, Institut du Monde Arabe (6 novembre 2007 - 20 avril 2008)

Publié le Tuesday 27 November 2007



Fruits de leur industrie, de leur artisanat et de leur art, les objets dont le commerce phénicien inonde le bassin méditerranéen transmettent tout un art de vivre et influencent en profondeur les sociétés de l'époque.


Les Phéniciens ont été de remarquables artisans, tisserands, teinturiers, orfèvres, sculpteurs, architectes, urbanistes. Si la Méditerranée va se trouver inondée de leurs talents pendant des siècles et presque un millénaire, c'est aussi que les Phéniciens ont été avant tout, des négociants et des marins, entreprenants et audacieux.

Dea Gravida, Sidon, vers 500 av. J.-CTerre cuite, Paris, musée du Louvre, département des Antiquités orientales © Photo RMN, Franck Raux
Dea Gravida, Sidon, vers 500 av. J.-C
On sait peu de choses sur les Phéniciens, car ce peuple inventeur de l'alphabet, a laissé peu d'écrits derrière lui. Ils occupaient la région du Liban actuel avec quelques kilomètres en plus au nord et au sud. Il semble, que les Phéniciens ne se considéraient pas, eux-mêmes, comme une entité ou un peuple unique. La Phénicie était une confédération de cités indépendantes, chacune ayant son propre roi et ses dieux. Les habitants se désignaient avant tout comme « Sidoniens, Tyriens, Giblites ou Arwadites », selon qu'ils étaient originaires de l'une ou l'autre de ces cités. Ce sont les Grecs qui ont inventé le nom de Phéniciens.

Pour les Grecs, les Phéniciens ont surtout été des rivaux, voire des ennemis. S'ils leur rendent hommage en désignant les caractères de l'alphabet comme des « phoïnikeia grammata » (lettres phéniciennes), s'ils apprécient leurs talents dans l'art de ciseler l'or et le bronze ou de fabriquer des teintures, les Grecs jugeaient le plus souvent les Phéniciens de façon méprisante, "ces marchands audacieux, retors et parfois brigands" (Homère, Odyssée XIII).

Statuette de divinité féminine hathorique, 1ère moitié du 1er millénaire av. J.-C.Bronze, argent Paris, musée du Louvre, département des Antiquités orientales, AO 2701 © Photo RMN, Franck Raux
Statuette de divinité féminine hathorique, 1ère moitié du 1er millénaire av. J.-C.
Cette image perdurera, tout au long du Ier millénaire (av. J.-C.), propagée sous la plume des poètes ou historiens grecs. Elle influencera le regard de l'Occident sur l'art et la civilisation des Phéniciens jusqu'au XIXe siècle, période à laquelle leur alphabet est déchiffré et des fouilles archéologiques sont entreprises. Il s'en suit une mode carthaginoise développée par Flaubert avec Salammbô, Berlioz (Les Troyens à Carthage)...

Au cours des dernières décennies, la recherche sur les Phéniciens d'Orient, tant sur le territoire proprement phénicien qu'à Chypre, a révélé l'originalité de ce peuple et de l'art phénicien, qui a inspiré l'art punique. " C'est vraisemblablement au cours du IXe siècle avant J.-C. que l'art phénicien connaît un changement fondamental dans son iconographie, comme dans son style. [...] Cet art nouveau, éclectique, typiquement phénicien se répand dans tout le bassin méditérranéen..." Extrait du catalogue, professeur Hartmut Matthaüs.

Les Phéniciens ont été réputés pour avoir diffusé l'alphabet et donné naissance à de grandes figures de la mythologie : Cadmos, Europe, Adonis. Les Phéniciens ont également été de remarquables artisans, tisserands, teinturiers, orfèvres, sculpteurs, architectes, urbanistes. Si l'architecture phénicienne demeure mal connue, peu de monuments ayant subsisté, la statuaire est, en revanche, fascinante, comme l'est aussi la culture matérielle que l'on a conservée et qui se compose essentiellement d'objets mobiliers d'un grand raffinement.

Médaillon en forme de stèle, CarthageArgent doré, Paris, musée du Louvre, département des Antiquités orientales, AO 3028 © Photo RMN / © Franck Raux
Médaillon en forme de stèle, Carthage
L'exposition réunit des trésors prêtés par le Liban, berceau de la civilisation phénicienne, et la Syrie, mais aussi par Chypre, la Grèce, l'Italie, l'Espagne, la Tunisie et le Maroc. Les grandes collections, constituées aux XIXème et XXème siècles au musée de Berlin, British Museum, Metropolitan Museun de New York et musée du Louvre au, ont également été mises à contribution. Ces quelque cinq cent pièces montrent le savoir-faire et la maîtrise des artisans et des artistes phéniciens. Sarcophages anthropoïdes, tridacnes, chapiteaux sculptés et stèles de pierre, ex-voto, ivoires, faïences et verres témoignent de la sophistication et de la qualité du travail des hommes de ce temps.

Commissariat scientifique : Elisabeth Fontan, conservateur en chef au Département des Antiquités Orientales du musée du Louvre, Hélène Le Meaux, archéologue, commissaire associée.

Paris, Institut du Monde Arabe (6 novembre 2007 - 20 avril 2008), 1 rue des fossés Saint-Bernard, Place Mohammed V - Paris 5e. Tél. 01 40 51 38 38. Ouvert tous les jours, sauf les lundis, de 10 h à 18 h. Accès, Métro : Jussieu, Cardinal-Lemoine, Sully-Morland.
Bus : 24, 63, 67, 86, 87, 89.


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