Jean-Léon Gérôme (1824-1904)

Jean-Léon Gérôme (1824-1904), peintre et sculpteur français, membre de l'Institut.

Jean-Léon Gérôme (1824-1904) fut une personnalité artistique importante de la seconde moitié du XIXe siècle. Peintre et sculpteur, professeur à l'Ecole des beaux-arts de Paris, il fut aussi un dessinateur de grand talent. Préparant ses compositions à l'aide de nombreux croquis au crayon, à la plume ou à la sanguine, cet infatigable voyageur glana de l'Italie à l'Egypte quantité de détails pittoresques qui devaient par la suite alimenter sa vaste production et l'agrémenter d'anecdotes exotiques. Son oeuvre, où alternent sujets néo-grecs, scènes orientalistes et épisodes historiques, fait l'objet de nombreuses commandes officielles et acquisitions privées. Elle bénéficie très vite d'une large diffusion grâce aux reproductions de l'éditeur d'art Goupil, beau-père de l'artiste. Membre de l'Institut depuis 1865, Gérôme refuse systématiquement la nouveauté au Salon. Son réalisme photographique en fait le champion de l'académisme et l'un des plus farouches ennemis des impressionnistes : en 1884, il s'oppose en vain à la rétrospective Manet à l'Ecole des Beaux-Arts et s'insurge en 1894 contre le legs Caillebotte au Louvre. Cette hostilité déclarée envers ceux qu'il considérait comme « le déshonneur de l'art français » contribua sans aucun doute au déclin de sa popularité.


Jean-Léon Gérôme naît le 11 mai 1824 à Vesoul ; son père est orfèvre et joailler. Il reçoit dans sa ville natale une première formation artistique auprès de Claude Basile Carriage, un ancien élève d'Ingres et de Gros. Se montrant particulièrement doué pour le dessin, Gérôme quitte Vesoul après son baccalauréat, pour entrer à l'automne 1840 dans l'atelier parisien de Paul Delaroche. Jean-Léon Gérôme revendique très tôt l'héritage du peintre Paul Delaroche qu'il rejoint à Rome en 1843. Restant toute sa vie muet sur son passage dans l'atelier de Charles Gleyre, il se place également sous l'influence directe de Jean-Dominique Ingres, qui méprise Delaroche et ne fut jamais le maître de Gérôme. La tradition académique dont ces deux artistes sont alors les plus grands défenseurs s'épanouit ainsi dans l'art du jeune Gérôme, que ce soit dans le genre de la peinture d'histoire ou dans celui du portrait. Avec le tableau intitulé Le combat de coqs exposé au salon de 1847 (Paris, musée d'Orsay), un nouveau talent est révélé au public et son auteur proclamé chef de file d'une nouvelle école, les néo-grecs. Celle-ci compte entre autres parmi ses membres, tous élèves de Delaroche et de Gleyre, les peintres Jean-Louis Hamon et Henri-Pierre Picou. La démarche de ces artistes s'inscrit dans le climat de recherches qui animent le milieu parisien autour de 1850, à la fois en architecture, en sculpture et en peinture. L'intérêt pour l'antique, renouvelé par un désir du faire vrai archéologique, devient alors prétexte à des scènes de genre plaisantes et sentimentales, mettant en scène une antiquité humanisée et intimiste dans un style parfois archaïsant. Si Gérôme abandonne bientôt le style néo-grec pour satisfaire le goût contemporain pour « l'ailleurs », son désir de faire vrai ne s'étend pas moins à toutes les époques et à tous les lieux. Gérôme marque son originalité par son refus du grand sujet. Le réalisme de l'anecdote et le goût du détail prennent ainsi le pas sur le rôle édificateur traditionnellement dévolu à la peinture d'histoire. D'autre part, ses représentations érudites de la civilisation romaine, son culte du détail archéologiquement exact qui irritait tant Charles Baudelaire, ont servi de référence naturelle à des reconstitutions spectaculaires et hautes en couleur, basées sur des images marquantes et largement diffusées. Ainsi les réalisations ressortissant du genre du péplum ont-elles été largement influencées par des oeuvres comme La mort de César (1867, Baltimore, Walters Art Museum) ou Pollice Verso (1872, Phoenix Art Museum), qu'elles datent de la grande époque du technicolor (Quo vadis de Mervyn Leroy en 1951 ; Ben-Hur de William Wyler en1959) ou d'une époque beaucoup plus récente (Gladiator de Ridley Scott en 2000). Le même souci de théâtralisation est perceptible lorsque le peintre s'inscrit dans la veine orientaliste, qu'il s'agisse de peinture de paysage, de peinture religieuse, de scène de genre ou de nu féminin. Cela ne l'empêche pas de se montrer soucieux de la plus grande fidélité dans la reconstitution des lieux et des ambiances, du pittoresque de l'architecture ou de celui des costumes. Aux sujets colorés d'inspiration militaire ou islamique en Egypte, répondent ainsi les compositions turques, décoratives et empruntes de sensualité. L'ailleurs représenté n'est donc plus l'Orient imaginaire de la génération précédente. Très documentée, sa peinture est en effet nourrie par les croquis réalisés lors de ses voyages. Elle l'est aussi par les photographies prises sur place par ses compagnons (Auguste Bartholdi, Mocka). Gérôme débute sa carrière officielle de sculpteur en 1878 dans le cadre de l'exposition universelle. Il est alors considéré par la critique comme le parangon de l'académisme. Très vite, l'artiste n'hésite cependant pas à prendre le contre-pied du dogme puisque sa conception, exprimée dans son tableau-manifeste Sculpturae vitam insufflat pictura, l'inscrit au coeur des débats et résistances sur la question de la polychromie de la sculpture moderne. Dans un contexte de découvertes archéologiques, il participe ainsi au renouveau de la sculpture chryséléphantine initié au milieu du siècle. Toujours selon l'exemple antique, il teinte ses oeuvres en marbre par un mélange de cire et de pigments. Son goût du détail et de la vérité archéologique atteint alors l'illusionnisme et le trompe l'oeil. Tanagra (1890, Paris musée d'Orsay) sa sculpture peinte la plus célèbre, est par ailleurs un bon exemple de son goût pour l'autocitation, qui se prolonge dans un jeu de miroir entre l'oeuvre sculpté et l'oeuvre peint. Gérôme compte parmi les artistes du XIXe siècle qui se sont le plus préoccupés de la diffusion de leurs oeuvres. La maison Goupil, galerie d'art et maison d'édition, dirigée par Adolphe Goupil dont il devient le gendre, assure ensuite, à partir de 1859, une diffusion massive de son oeuvre par le biais de l'estampe et de la « galerie photographique ». Devenu un "officiel" à la fin du XIXe siècle, Gérôme s'est investit dans le rôle du réactionnaire anti-moderne. Lors de l'exposition posthume des oeuvres d'Édouard Manet à l'École des beaux-arts, en 1884. Gérôme s'opposa avec véhémence au projet :et à nouveau, dix ans plus tard, à l'occasion du legs Caillebotte à l'État. De telles prises de position ont longtemps et lourdement pesé sur l'image de l'oeuvre de Gérôme au XXe siècle. Présentation issue du dossier de presse Jean-Léon Gérome. L'histoire en spectacle, musée d'Orsay Paris.

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Exposition Jean-Léon Gérôme, musée d'Orsay

Le 19 October 2010

La perception de Gérôme a, durant les dernières décennies, profondément évolué en France. Longtemps stigmatisé comme le tenant emblématique d'un académisme stérile, Gérôme est aujourd'hui regardé comme l'un des grands créateurs d'images du XIXe siècle.


Dessins de Jean-Léon Gérôme (1824-1904)

Le 27 March 2009

Dessinateur prolifique, Jean-Léon Gérôme est étonnamment fort peu présent dans les collections publiques françaises et n'est souvent évoqué que par quelques feuilles isolées.

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