Albert Moser

Life as a panoramic

Publié le Friday 22 June 2012



Pour la première fois en Europe, la galerie Christian Berst propose de découvrir, du 1er juin au 20 juillet 2012, les panoramas photographiques d'Albert Moser, photographe autiste associé à l'art brut. À partir des années 1970 et durant plus de 25 ans, Albert Moser, artiste sauvage et secret, réalise quelques centaines de panoramiques à partir de photos découpées et assemblées qu'il conserve mais ne montre pas. D'une qualité plastique et une matérialité rares ces oeuvres sont une découverte majeure pour les passionnés d'art brut comme pour les amateurs de photographie.


Albert Moser, né en 1926 à Trenton (NJ), vit jusqu'à l'âge de 60 ans avec ses parents - des immigrants juifs russes. Dans sa jeunesse, il exerce quantité de petits métiers mais s'imagine photographe. Après avoir suivi quelques cours à l'Ecole des Arts industriels, formation réservée aux anciens G.I., dont il était, il se fait fabriquer un tampon photographer qu'il appose au dos de ses clichés, à côté de la description méthodique de ses prises de vue.
Il tente un temps de vendre aux commerçants de sa ville des photographies de leur devanture ; en vain. Albert commence alors à réaliser des panoramiques (allant parfois jusqu'à 360°) dont il fait faire des tirages au format amateur (souvent en 10x15) par un photographe de quartier. Puis, il recompose minutieusement ses paysages urbains dans un format linéaire qu'il colle, photo après photo. Il retrouve les jonctions à l'aide de ses ciseaux, et les relie avec du scotch transparent.
Ce qui frappe, outre l'audace poétique, c'est la volonté délibérée de réinventer, voire tordre la réalité saisie dans son objectif. Le paysage se referme sur lui-même comme sur celui qui regarde, en une sorte de vertige optique qui contraste avec l'amplitude du déploiement propre au panoramique. Albert Moser n'a pourtant jamais cherché à exposer. Il gardait enroulées ses compositions les unes dans les autres, au fond d'un sac, sans jamais les montrer. Il aura fallu, pour les découvrir, un extraordinaire concours de circonstances...
Même si l'on sait peu de choses sur le sens de ce travail, l'altérité qui le singularise et l'absence de volonté de jouer le jeu du marché de l'art le rapproche, comme Miroslav Tichy (exposé au Centre Pompidou en 2008), de ce que l'on nomme l'art brut. Les photographies d'Albert Moser échappent aux tentatives de définition et posent la question de la réception d'une telle oeuvre, conçue et conservée dans le secret. Quelle part de rébellion inhérente un tel projet créatif recèle-t-il ? Albert Moser ne s'en explique pas. Lorsqu'il avait 60 ans, en signe de révolte contre ses parents - qui n'encourageaient guère ses pulsions artistiques - il installa un jour dans sa chambre une table de jardin avec, en son centre, un parasol déployé.
Un catalogue bilingue (fr/en) de 200 pages avec un texte d'André Rouillé est publié à cette occasion.


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