Soulages, le temps du papier

« En réalité, dit Soulages, pour la gravure, comme pour la peinture, je travaille poussé par une passion (...). J'ai des crises de lithos, j'ai des crises de gravures, comme j'ai des crises de peinture. (...) J'ai fait de la gravure parce que, avec la gravure, quelque chose apparaissait qui ne pouvait apparaître avec la peinture. » Il souligne aussi : « ce qui m'intéresse dans la gravure, c'est que l'on dirige et on se laisse diriger. »

Cette dernière affirmation est particulièrement révélatrice de ce qui est l'oeuvre dans la gravure pour Soulages. Sa prédilection pour l'eau-forte s'explique ainsi par ce double processus, ce qu'il qualifie de « hasard accepté ». Plus le cuivre est travaillé par la morsure de l'acide - dont l'artiste peut cependant contrôler la durée d'action - plus l'image est riche. Il faut remarquer que Soulages, « peintre du noir », n'a réalisé aucune estampe entièrement noire. Rappelons son amour pour le blanc du papier et pour le papier lui-même, « matière magnifique ». Extrait du texte de Michel Ragon